Stratégie et direction de la recherche scientifique sur les plantes médicinales chinoises

Depuis le début des années 2010, suite à la promulgation d’une définition légale des « matières médicinales Daodi 道地药材 dàodì yàocái » (MMD), la recherche appliquée aux plantes médicinales a été galvanisée par une direction claire, une stratégie cohérent et une volonté assumée de rationaliser la production traditionnelle et de normalisation les savoir-faire traditionnels.

Ainsi, depuis le développement officiel des productions Daodi, et avec l’augmentation des enjeux agronomiques, écologiques, cliniques ou économiques de l’industrie des plantes d’herboristerie chinoise, de nombreuses publications scientifiques ont été financées. Le nombre de publications scientifiques augmente depuis 2020, avec une diversification des axes de recherche. Les techniques de séquençage génétique, d’analyse phylogénique des populations, de prospective environnementale multifactorielle et de détection électronique des métabolites secondaires, le tout supporté par le développement récent des réseaux de neurones et des intelligences artificielles, confères aux chercheurs les moyens jusque-là inconnus.

Il transparaît ainsi des lectures une cohérence méthodologique systématique, permettant de dérouler peu ou prou des protocoles similaires pour chacune des espèces de plantes étudiées.

  • génétique, phylogénie et taxonomie botanique : renforcement des connaissances botaniques fondamentales afin de distinguer les caractéristiques objectives des variétés sauvages et des populations domestiquées ;
  • dynamique des populations et prospective environnementale : comprendre la distribution de la ressource (réserve de biodiversité) afin d’assurer une pérennité de la production face au changements climatiques grâce à des modèles dynamiques de Systèmes d’Information Géographique (SIG) ;
  • micro-écologie : étude des relations écosystème-plante-microbiote du sol et de leur impact sur les phénotypes, avec analyse des composés produits en fonction de l’environnement*, afin de théoriser les caractéristiques des MMD et extrapoler de nouvelles zones de culture ;
  • agronomie : améliorer les techniques agronomiques de production intensive afin de maintenir une stabilité des symbioses éco-systémiques et permettre l’adaptation des cultures à de nouveaux terroirs ;
  • techniques et process de transformation* : analyse moléculaire des procédé de transformation (炮制 pàozhì) afin de normaliser les savoir-faire traditionnels ;
  • biochimie : classification des composés produits et analyse du métabolisme et des facteur d’hérédité à leur origine ;
  • sélection variétale : développement de génomes sélectionné (hybrides F1) afin de répondre à des objectifs commerciaux précis ;
  • politique d’écologie préventive : mise en place de programmes de conservation de la biodiversité sauvage et cultivée ;
  • ingénierie bio-chimique : développement de nouvelles méthodes de différentiation des produits médicinaux afin de produire des outils de reconnaissance automatisés (capteurs visuels ou olfactif, identification rapide par IA, etc) ;
  • pharmacologie prospective : isoler et extraire des composés secondaires (différente des composés principaux décrits par la Pharmacopée Chinoise) afin d’évaluer leur impact métabolique précis et anticiper la création de nouveau médicaments standardisés ;
  • pharmacologie clinique : étude de l’action des bio-chimique de la matière médicale traditionnelle (composés extraits, totum, combinaisons de plantes, etc) afin d’imaginer des applications thérapeutique nouvelles pour les plantes d’herboristerie traditionnelles ;
  • etc.
* L'étude des aspects biotiques / abiotiques englobent tout ce qui influence et contribue à l'efficacité du produit fini :
- variations climatiques (humidité, température) ;
- substrat (minéraux / oligo-éléments) ;
- bactéries et mycorhizes symbiotiques dans le sol ;
- façons culturales (rotation et inter-culture, fumure, paillage, cultures complémentaires, etc.) ;
- date de récolte et traitement post récolte (séchage, fermentation, enzymes, levures, massage pour repartir l'humidité, etc.) ;
- mode de découpe et de préparation (炮制 pàozhì) ;
- stockage ;
- etc.

Notes :

  • Tout ces aspects de la recherche sont actuellement en cours d’études sur les espèces de plantes médicinales chinoises, à différents stades d’avancement selon les espèces.
  • Parcourir ces compte-rendus de recherche disparates d’un point de vue trans-disciplinaire met en lumière l’évolution des questionnements face à perturbations des conditions agro-écologiques, géo-économiques et climatiques à l’échelle de la planète. On y décèle des situations critiques, charnières, qui méritent d’être étudiées avec attention.

Exemples choisis :

Nous proposons ici plusieurs sélections d'études concernant quelques plantes. Ces exemples sont choisis pour permettre de comprendre les dynamiques combinées de plusieurs recherches dans le parcours de développement d'une espèce, et l'évolution des savoirs et des techniques qui peuvent mener à une modernisation de la production de plantes médicinales dans leur ensemble. 

Notes :
- dans la traduction du texte original, nous avons adapté le texte chaque fois qu'il était nécessaire, afin de redévelopper les raccourcis de langage éventuels ou de préciser les différences entre Nom botanique et Nom de matière médicinale (en chinois, il est fréquent que le nom de l'espèce principale de la source soit le même que le nom de la matière médicinale, mais pas systématiquement ; de plus les noms des espèces secondaires ou alternatives du même genre sont souvent précédées d'un adjectif).
- Il est nécessaire de garder en tête que les listes des études présentées ne sont pas exhaustives pour chaque espèce, et le lecteur sera invité à expérimenter par lui-même la recherche sur un agrégateur de publications scientifiques d'un nom de plante médicinale de la Pharmacopée Chinoise pour ce rendre compte de la quantité d'études produites et la diversité des sujets abordés.

Sujets :

  • Ligusticum & Conioselinum (藁本 Gǎo Běn / 川芎 Chuān Xiōng) – Daodi, taxonomie et substitution d’espèces – (à venir).
  • Codonopsis pilosula (Dang Shen) – Épuisement des monocultures, évolution climatique et migration des écosystèmes – (à venir).
  • Fritillaria sp. (Bei Mu) – Phylogénétique, conservation et prospective territoriale
  • Scutellaria baicalensis (Huang Qin) – Domestication et dynamique de populations, érosion sélective et brassage génétique – (à venir).
  • Atractylodes lancea (Cang Zhu) vs. A. sp. – Populations en mouvements, détermination des différences phénotypiques et sélection – (à venir).
  • Salvia miltiorrhiza (Dan Shen) – Sélection de variétés pure F1 pour assurer un produit normé – (à venir).
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